Cher Monsieur des zimpôts,
Tu ne m’as pas donné de nouvelles depuis un certain temps. L’année dernière tu as été obligé de me rendre des sous, et j’ai peur que tu aies été vexé.
Dis, tu ne boudes pas, des fois ?
Tu sais, Jean-Philippe (allez on va arrêter les coquetteries, les voussoiements, nous sommes deux adultes consentants et ? l’aise dans notre sexualité -et toi dans ta cravate), j’aimerais bien moi aussi gagner plein plein de pognon et que tu m’en demandes plus, toujours plus.
Cela signifierait que je ne suis plus que pépettes et bonne fortune.
Mais la vie est tainsi faite, Jean-Philippe, que tu ne vas sans doute pas entendre de nouveau parler de moi avant un certain temps.
Vois-tu, j’ai récemment découvert le principe du sac ? main. Jusqu’ici, je considérais le sac comme un accessoire utilitaire. Je trimballais de sac en toile en sac en toile un vieux portefeuille pourri (on m’avait piqué le précédent, que j’avais fait durer 10 ans, malgré mon aversion profonde pour un vert-sapin-mort du plus mauvais effet).
Mais tout a changé.
En deux étapes simples, j’ai tout simplement renoncé ? mon âme.
Tout d’abord, on m’a offert des bottes -comme tu lis ce blog avec dévotion, je ne doute pas un instant que tu saches de quoi je parle, mais bon, si tu insistes, gros coquin, tu peux aller voir l? .
Ensuite (et seules sont ? blâmer ma faiblesse psychologique et mes accointances avec la bourgeoisie), je suis entrée dans une boutique ? sac. Il y avait un sac. Nous nous sommes regardé dans les yeux. Un intense désir -réciproque- a fait vibrer la pièce.
« Par ce que c’estoit luy, par ce que c’estoit moy », disait Montaigne, qui avait clairement compris ce que ça fait que de trouver un sac en daim couleur d’amour ? -50%.
Bref, je suis devenue une âme perdue, car je sais qu’un jour où l’autre, comme tout amour, la passion qui nous lie, moi et mon sac, va mourir lentement et je n’aurai de cesse de rechercher un nouvel élu, qui saura me faire vibrer ? nouveau.
Je suis une fille perdue. Je suis devenue frivole et pécheresse, car je darde en regardant mes propres pieds et mon propre sac ? mains.
Par ailleurs, soyons clairs : je suis désormais fauchée.
Tu es donc mon seul espoir. Voil? ce que je te propose : je reste ? gagner pas beaucoup de sou.
Toi-même, tu m’en prends peu. (Je mets en gras pour que tu comprennes bien que c’est l? la pierre angulaire de ce plan parfait) (tout repose sur toi, Jean-Philippe) (ne me déçois point)
Comme ça, j’évite de devenir trop riche (ce qui ne pourrait aboutir, je le sais désormais, qu’? une orgie de sacs ? main, ? des intervalles toujours plus réduits, tel le junkie augmentant et rapprochant sans cesse les doses jusqu’au shoot final), mais je garde un peu de sou, et comme ça quand Damien mon sac ne me plaira plus, je pourrai m’en acheter un autre.
OooOoOOh oui.
Oh oui.
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